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Célibataire Québec

L'aventure moderne ...


- Aujourd'hui, on ne s'engage plus... c'est devenu inutile plusieurs diront. Il est aussi facile de se commander un être humain sur Tinder qu'un livre sur Amazon

Victor Habchy est un photographe à la passion débordante. Il a réalisé L’aventure moderne (Démarrer – Arrêter) qui est un court métrage sublime qui dépeint avec justesse une jeunesse aussi connectée que déconnectée. Inspiré par le texte “This is how we date now” de Jamie Varon, Victor a lui-même écrit et réalisé cette histoire. Il met en image les sentiments troublants de toute une génération qui se sent perdue, délaissée… blessée...

« This is how we date now »

Voici la traduction du texte original de Jamie Varon

Nous ne nous engageons plus. Nous n’en voyons pas l’intérêt. AvecTinder, Grindr, nous avons le choix. On se dit un(e) de perdu(e) dix de retrouvés ! Nous pouvons commander un être humain de la même façon que nous pouvons commander un bouquin sur amazone. Nous pensons que l’intimité repose sur une chaîne d’émoticons parfaitement exécutée. Nous nous représentons l’effort comme un simple texto de « bon matin!». Nous nous disons que la romance est morte, déchue.

Peut-être l’est-elle, mais peut-être aussi devons nous la réinventer. Peut-être que la romance d’aujourd’hui, c’est d’éteindre son téléphone assez longtemps pour tenir le regard de l’autre lors d’un repas. Peut-être que la romance c’est de supprimer Tinder de notre téléphone après une merveilleuse rencontre avec quelqu’un. Peut-être que la romance existe encore, mais que nous ne savons plus comment nous la représenter.

Quand nous faisons un choix, si nous acceptons l’engagement, nous avons toujours un œil sur les autres options possibles. Nous voulons le meilleur filet mignon, mais nous sommes trop occupés à regarder le buffet médiocre qui s’offre à nous, simplement parce qu’il nous donne la possibilité de choisir. Choisir. Les choix nous tuent. Nous croyons que choisir est signifiant. Nous pensons que l’opportunité est ce qu’il y a de mieux. Nous pensons que la quantité est synonyme de qualité. Mais tout cela ne fait qu’en sorte de tout édulcorer, de rendre fade.

Nous ne faisons plus attention au réel sentiment de satisfaction. Nous avons presqu’oublié ce que c’était. Nous aspirons à quelque chose que nous voulons encore croire qui existe. Pourtant, nous sommes constamment à la recherche du prochain grand frisson, de la prochaine secousse d’excitation, de la prochaine gratification instantanée.

Nous nous apaisons et nous nous distrayons en surface. Si nous sommes incapables de faire face à nos propres démons, comment pouvons nous faire en sorte que quelque chose soit signifiant, que quelque chose tienne la route? Comment pouvons nous aimer quelqu’un malgré les difficultés de la vie? Nous payons notre caution puis nous quittons.

Nous sommes la toute première génération à vivre dans l’illusion d’un monde sans limites. Nous pouvons ouvrir un nouvel onglet, admirer des photos du Portugal, sortir notre carte de crédit et réserver un billet d’avion. Nous ne le faisons pas, mais nous en avons la possibilité, et ce, même si nous n’en possédons pas les ressources. Il y a toujours d’autres options alléchantes. Nous ouvrons Instagram et nous regardons la vie des autres, cette vie que nous pourrions avoir. Nous observons des endroits où nous n’iront pas. Nous épions des vies que nous ne vivrons pas, des gens que nous ne connaîtrons pas, des amoureux et des amoureuses que nous ne fréquenteront pas.

Nous nous bombardons de stimuli de toutes sortes et nous nous demandons pourquoi nous nous sentons si misérables et insatisfaits. Nous nous demandons pourquoi tout est éphémère et pourquoi tout paraît sans espoir. Parce que nous n’avons aucune idée comment voir et apprécier nos vies pour ce qu’elles sont et non pour ce qu’elles ne sont pas.

Et même si nous trouvons. Disons que nous trouvons la personne qui nous aime et que nous aimons. Engagement. Intimité. « Je t’aime ». Puis rapidement, nous vivons pour les autres. Nous affichons notre relation sur Facebook. Nous jetons nos photos sur Instagram. Nous devenons un « nous » que nous rendons parfait et étincelant aux yeux de tous car bien entendu, ce que nous choisissons de partager est le plus beau sommet de l’iceberg. Nous ne partagerons pas les chicanes, les yeux rougis et les draps imbibés de larmes. Nous ne « tweetons » pas 140 caractères de tristesse lorsque nous avons le genre de conversation qui peut briser le futur de notre relation. Ce n’est pas ce que nous partageons. Des photos reluisantes, un couple heureux. L’amour parfait.

Puis, nous voyons ces autres couples heureux, étincelants, et nous comparons.

Nous sommes la génération Emoji. La culture du choix. La génération de la comparaison. À la hauteur. Assez bon. Le meilleur. Jamais auparavant nous avions une telle abondance de critères à avoir pour sentir que nous avions la meilleure vie possible. Nous absorbons, absorbons et absorbons et rapidement, nous nous retrouvons au bord du désespoir. Nous ne serons jamais assez bons, parce que ce que nous essayons d’atteindre n’existe pas. Ces vies parfaites n’existent pas. Ces relations parfaites n’existent pas. Mais nous ne pouvons pas nous résoudre à le croire car nos yeux sont bombardés de toute cette perfection. Et nous la voulons. Et nous nous rendrons misérables jusqu’à ce que nous l’obtiendrons.

Alors nous mettons fin à nos relations. Nous « cassons » parce que nous ne sommes pas assez bons, nos vies ne sont pas assez bonnes, notre relation n’est pas assez étincellante. Nous balayons tout du revers de la main, puis nous retournons sur Tinder. Nous commandons la prochaine personne comme on commande une pizza. Et le cycle recommence. Emoticons, texto « Bon matin », intimité, « Selfies » de couple heureux. Puis, on compare, on compare et on compare. L’inévitable nous reviens rapidement au visage. Les chicanes. « Quelque chose ne fonctionne pas mais je ne sais pas ce que c’est ». « Ça ne fonctionne pas ». « J’ai besoin de quelque chose de plus ». Et nous nous séparons. Un autre amour de perdu. Un nouveau cimetière de photos de couple brillant et heureux. Au suivant. À la recherche du plus insaisissable partenaire. La prochaine gratification, la prochaine dose, le prochain coup rapide. Vivre nos vies en 140 caractères, en images figées et filtrées, en vidéos de 4 minutes, «Votre attention s.v.p! Votre attention s.v.p! ».

Nous vivons dans l’illusion. Nous nous inquiétons de notre avenir qui pourrait ne pas être aussi étincelant et heureux que cette perfection que nous essayons d’atteindre. Mais de quoi pourrions nous simplement nous contenter? Nous ne le savons pas et nous ne voulons pas le savoir. Si ce n’est pas la perfection, c’est du contentement. Si ce n’est pas plein de paillettes, c’est du contentement. Si ce n’est pas digne de Pinterest, c’est encore du contentement.

Nous réaliserons que ce que nous voulons est un mensonge. Nous voulons des appels téléphoniques. Nous voulons voir ce visage que nous aimons hors-ligne sur l’écran bleu de notre téléphone. Nous voulons ralentir le rythme. Nous voulons de la simplicité. Nous voulons une vie qui n’a pas besoin d’être validée par des « likes », des commentaires ou des votes. Nous ne savons peut-être pas que c’est ce que nous voulons, mais ce l’est. Nous voulons des vraies connexions. Nous voulons d’un amour qui se construit et pas d’un amour qui se jette au prochain « hit ». Nous voulons aller chez les gens. Nous voulons laisser reposer nos têtes à la fin de notre vie en nous disons que nous avons réellement vécu nos vies. C’est ça que nous voulons, même si nous ne le savons pas encore ...

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